Le portage de bébé à travers le monde : entre tradition et redécouverte

Le portage de bébé à travers le monde : entre tradition et redécouverte

Porter son bébé contre soi, sentir son souffle, sa chaleur, son rythme… Le portage est un geste transmis de génération en génération, très ancré dans certains pays, oublié puis redécouvert récemment dans d’autres.

Qu’il se pratique en écharpe, en porte-bébé préformé, en sling ou en tissus traditionnels, il soutient le développement physique et émotionnel de l’enfant, tout en facilitant la vie du parent.

Partons ensemble à la découverte des traditions de portage de bébé autour du monde. Et souvent, cette exploration change profondément le regard que l’on porte sur le portage.

Afrique : le portage, une nécessité transmise entre générations

Dans de nombreux pays africains, le portage se pratique à l’aide d’un simple pagne, parfois transmis lors du mariage, ou d’un tissu noué autour du buste et de la taille. Le bébé est le plus souvent porté dans le dos, dans une position physiologique qui respecte son développement naturel. Les mères portent leur enfant tout en vaquant à leurs occupations quotidiennes : travailler, cuisiner, se déplacer, toujours avec le bébé maintenu contre elles.

Cette pratique s’apprend et se transmet de manière naturelle, de femme en femme, dès le plus jeune âge. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des enfants plus âgés porter les plus petits, participant ainsi très tôt aux soins et à l’accompagnement des plus jeunes.

On dit qu’en Afrique, l’éducation d’un enfant est l’affaire de toute la communauté : « il faut tout un village pour élever un enfant ».

Le portage s’inscrit ainsi dans une tradition ancestrale, transmise de génération en génération.

Amérique latine : les couleurs et les symboles du portage

En Amérique latine, les rebozos et awayos sont bien plus que de simples morceaux de tissu. Ils sont tissés à la main, avec des motifs porteurs de sens culturel.

Dans les Andes, le portage protège du froid d’altitude et permet au parent de garder les mains libres pour les tâches quotidiennes. Ces pratiques traditionnelles inspirent aujourd’hui des écharpes modernes aux influences artisanales.

Awayo

L’awayo est un porte-bébé traditionnel d’Amérique du Sud. Il est composé d’un grand carré de laine tissée, souvent très coloré, utilisé plié en deux. On y pose l’enfant, à la verticale ou couché en berceau, en repliant une pointe sur son corps. Puis le bébé est installé sur le dos et les extrémités sont nouées sur les clavicules de la maman.

Rebozo

Le rebozo vient également d’Amérique du Sud. C’est le système de portage qui a inspiré notre écharpe porte-bébé occidentale (coucou nos slings en lin), dont il a la forme : une écharpe courte, souvent avec des franges aux extrémités. Il s’utilise traditionnellement noué en hamac pour porter sur le dos ou sur le côté, avec un nœud fixe ou coulissant.

Asie : une histoire familiale sur le dos des bébés

En Asie, de nombreux moyens de portage traditionnels existent : le mei-tai en Chine, l’onbuhimo au Japon et des tissus noués dans d’autres régions.

En Chine, les porte-bébés sont très élaborés et demandent des mois de travail, car tout y a une signification : des matériaux aux couleurs et motifs brodés, qui parlent de l’âge, du sexe et du statut social de l’enfant. On brode des motifs destinés à souhaiter au bébé une vie heureuse ou à le protéger.

Dans toute l’Asie du Sud-Est, et notamment au Vietnam ou au Laos, on retrouve ces porte-bébés en tissu, généralement en coton, dont les couleurs et motifs racontent qui est l’enfant, de quelle famille ou de quel village il vient.

Ils sont devenus les ancêtres de nombreux porte-bébés préformés modernes. Notre Exquis fait partie d’une belle lignée familiale.

Océanie : le portage comme art de vivre

En Océanie, le portage s’inscrit naturellement dans le quotidien et reflète une relation profonde entre l’enfant, sa famille et son environnement. Les pratiques y sont souvent simples, fonctionnelles, mais toujours riches de sens.

En Papouasie–Nouvelle-Guinée, le bébé est porté dans un filet, installé sur le dos et maintenu par une lanière passant sur le front de la mère. Ce mode de portage, très répandu, permet une grande liberté de mouvement. Le filet accompagne ensuite l’enfant en grandissant et devient un sac à provisions, illustrant une véritable logique de transmission et de durabilité.

Dans les îles du Pacifique, le portage se fait à l’aide de tissus légers ou de fibres naturelles tressées, parfaitement adaptés au climat. Le bébé est ainsi maintenu près du corps, bercé par les mouvements et intégré très tôt à la vie communautaire.

Enfin, dans certaines régions d’Indonésie, à la croisée de l’Asie et de l’Océanie, on trouve l’une des écharpes de portage les plus atypiques. Décorée de coquillages qui s’entrechoquent en produisant un doux cliquetis, elle peut parfois renfermer le cordon ombilical séché du bébé. Une tradition forte, qui illustre le portage comme une continuité de la grossesse et du lien mère-enfant.

Europe : le retour d’un héritage longtemps oublié

Contrairement aux idées reçues, le portage a bel et bien existé en Europe pendant des siècles. Dans les campagnes, les nourrissons étaient portés à l’aide de châles, de tabliers noués, de morceaux de tissu ou de paniers en osier. Le portage permettait aux femmes de travailler aux champs, de s’occuper du foyer et de garder leur enfant près d’elles.

À partir du XIXᵉ siècle, avec l’industrialisation, l’urbanisation et l’émergence de nouvelles normes hygiénistes, le portage a progressivement été remplacé par la poussette, le berceau et la mise à distance physique du nourrisson. Le bébé est alors perçu comme fragile, à poser, à séparer, à « habituer » à l’autonomie précoce.

Ce changement culturel a profondément modifié la relation parent-enfant en Europe.

Mais depuis quelques années, un véritable renouveau du portage s’opère. Porté par les avancées en physiologie, en neurosciences affectives et en psychologie du développement, le portage est aujourd’hui reconnu comme bénéfique pour l’enfant : régulation émotionnelle, sécurité affective, développement moteur harmonieux, réduction des pleurs.

Les écharpes tissées, tricotées, slings et porte-bébés préformés modernes s’inspirent largement des traditions du monde entier, tout en s’adaptant à notre culture, avec des modèles simplifiés et résolument tendance permettant à chaque famille de trouver son bonheur.

Le portage : un besoin universel

Quel que soit le pays, le tissu ou la technique utilisée, porter son bébé raconte toujours la même histoire : celle d’un enfant accueilli contre le cœur de son parent. 

Aujourd’hui encore, de nombreuses familles redécouvrent ce geste simple, parfois sans savoir qu’il s’inscrit dans une histoire aussi ancienne et universelle.

Rédaction de l'article : Julie 

Sources :

– AFPB – Physiologie du portage

– LLL France – Porter son bébé

– Musée du Quai Branly – Textiles traditionnels latino-américains

– Maison des Cultures du Monde – Tissages et pratiques maternelles

– AFPB – Les différents types de portage

– Musée du Quai Branly – Portage et pratiques asiatiques

– La Leche League France – Portage et attachement

– Naître & Grandir – Développement émotionnel et proximité